Qu'est ce que le stress ?
Le mot « stress » vient du latin « stingere » qui signifie « serré ». Au 19ème siècle il était utilisé dans la langue anglaise « distress » pour évoquer une épreuve, une difficulté, une détresse. Le mot « stress » est introduit en biologie pour la première fois en 1936 par le Docteur Hans Selye, endocrinologue à l’Institut de Médecine et de Chirurgie Expérimentale (Université de Montréal Canada). Il définit le stress comme « une agression de l’organisme par un agent physique, psychique, émotionnel entraînant un déséquilibre qui doit être compensé par un travail d’adaptation ; agent qui agresse ; tension nerveuse, contrainte de l’organisme face à un choc (événement soudain, traumatisme, sensation forte, bruit, surmenage) ; état d’une personne soumise à cette tension. »
En effet le stress peut être dû à un facteur physiologique : suite à un entraînement physique par exemple, l’organisme se retrouve en état de stress et doit générer des adaptations pour mieux supporter les prochains entraînements ; ou psychologique : un événement, une situation, un proche, etc., génère en nous des symptômes de stress (tensions musculaires, problèmes digestifs, troubles du sommeil, migraines, vertiges, fatigue …) sur une période plus ou moins longue et à des degrés plus ou moins élevés.
Dans la suite de cet article, nous resterons sur l’aspect psychologique et non pas physiologique du stress.
Aujourd’hui, on parle souvent de stress, que ce soit dans le milieu sportif parce que l’on a une compétition qui arrive donc on se dit « stressé(e) » par celle-ci ; dans notre travail si on a un dossier à rendre ou une présentation à faire en public ; ou encore, si on fait des études et que l’on doit passer des examens … Et je ne parle pas de tous les soucis personnels (familles, santé, ami(e)s, relations …) qui peuvent également être une source importante de stress.
On peut finir par penser que certaines situations sont fondamentalement stressantes, on les associe donc au stress. Par exemple, le simple fait d’évoquer une compétition peut générer chez un sportif ou une sportive les symptômes du stress ; de même, pour un salarié ou un chef d’entreprise, le simple fait d’évoquer son travail peut le mettre mal à l’aise.
Finalement, vous le comprendrez en étudiant les modèles du stress ci-dessous, aucune situation n’est destinée à être psychologiquement stressante ! Ce sont nos propres perceptions des situations ou des événements qui les rendent « stressants » !
Un des meilleurs exemples que je puisse vous donner est celui-ci : Souvenez-vous lorsque, durant vos études, vous avez passé des examens… Dans la salle, vous étiez toutes et tous en train de vivre la même situation, pourtant personne ne s’est comporté ou senti de la même façon ; donc, bien que l’on soit au même endroit, au même moment, en train de faire la même chose, personne ne vit vraiment la même situation finalement. Je pourrais citer Alfred Korzybski « Notre vision du monde n’est pas le monde, mais notre représentation du monde. »
D’après le modèle transactionnel du stress (Lazarus et Folkman, 1984), lorsque l’on se retrouve dans une situation, on réalise – inconsciemment bien souvent – une première analyse pour estimer l’enjeu auquel on doit faire face :
- une perte peut-être déjà subie (la perte d’un emploi, d’un(e) proche…)
- une menace (l’éventuelle perte de quelque chose qui est vu comme une catastrophe)
- un défi (un challenge qui donne l’occasion de se surpasser, prouver de quoi on est capable)
Puis nous réalisons une seconde analyse afin de déterminer les ressources que nous possédons pour faire face à l’enjeu :
- Quelles compétences physiques ou mentales ?
- Quelles relations ?
- Quel matériel ?
- Quelle organisation ?
De ces deux analyses, va découler un stress, plus ou moins élevé en fonction de ce que l’on aura évalué.
C’est alors que nous allons mettre en place des solutions pour répondre à la situation (dans laquelle ON PENSE se trouver : perte, menace ou défis), en fonction des ressources que l’ON PENSE avoir :
- Solution ACTIVE : On se concentre sur la résolution du problème. Par exemple : On améliore ses qualités physiques ou mentales, on répare ou on achète du nouveau matériel, on demande de l’aide à un(e) collègue, on organise différemment ses journées …
- Solution PASSIVE : On tente de diminuer ou éliminer les émotions engendrées par la situation, sans agir directement sur ce qui nous pose problème. Par exemple : On pleure ou on se met en colère, on se promet de ne plus se mettre dans une telle situation, on culpabilise, on se sent mal… On peut aussi éviter la situation en fuyant ou en abandonnant.
Chaque événement est vécu selon VOTRE filtre de la réalité, selon l’enjeu et les ressources que vous percevez. Tout prend naissance dans l’analyse – inconsciente ou non - que vous faites de votre situation.
Je vous propose de cliquer ici pour remplir l’échelle du stress perçu (Cohen & al., 1983) qui va vous permettre de faire le point sur vos ressentis au cours de ces derniers mois ; ou de cliquer ici pour faire le test d’évaluation du stress chronique d’Alexandre Mergui (Psychologue, Docteur en psychologie) qui va mettre l’accent sur les symptômes possibles d’un état de stress. Vous recevrez, dans les plus brefs délais, vos résultats par mail.
Le stress au travail
Un des modèles de référence lorsque l’on parle de stress au travail est celui de Karasek (Job Strain Model, 1979) qui croise deux types de facteurs de stress : la demande psychologique faite à l’individu et la latitude décisionnelle que ce dernier peut exercer sur son activité. La demande psychologique porte sur des aspects aussi bien quantitatifs que qualitatifs de la charge psychologique de travail. La latitude décisionnelle comporte deux sous-dimensions, l’utilisation des compétences et l’autonomie décisionnelle. Le modèle offre ainsi la possibilité d’établir une typologie des situations de stress au travail. Celles où le travailleur est soumis à une forte demande psychologique tout en ayant une faible latitude décisionnelle dans son activité sont les plus stressantes. De nombreuses études ont montré l’effet délétère de ces contraintes sur la santé physique (maladies cardio-vasculaires) et mentale (dépression et épuisement professionnel).
Johnson, Hall et Theorell (1989) ont complété le modèle de Karasek en y intégrant la question des relations humaines dans l’entreprise. Une troisième composante a donc été ajoutée au modèle pour tenir compte du soutien social des collègues de travail et des supérieurs. Cette dernière modifierait l’association entre la tension au travail et la survenue de problèmes de santé en agissant comme antidote ou facteur de protection.
Je vous propose de cliquer ici pour remplir le questionnaire « Job Content » mis au point par Karasek et ses collaborateurs (1998), traduit et validé scientifiquement en français par Niedhammer et ses collaborateurs (2006). Vous recevrez, dans les plus brefs délais, vos résultats par mail.
Comment réguler son stress ?
Désormais, quand vous sentirez que quelque chose vous « stress », demandez-vous consciemment :
« Que représente cette situation pour moi ? »
« A quoi dois-je faire face ? »
« Qu’est-ce que j’ai à perdre ou à gagner ? »
Ensuite :
« De quelle(s) ressource(s) je dispose pour m’en sortir au mieux ? »
Puis CONCENTREZ-VOUS sur ce que vous pouvez contrôler, placez votre attention sur vos ressources. Bien sûr si cela génère des émotions, il sera important de les accueillir, de les exprimer, mais après on se recentre sur ce que l’on peut contrôler vis-à-vis de la situation dans laquelle on se trouve.
Votre attention est limitée. Là où vous placez votre attention, vous placez votre énergie donc choisissez consciemment là où vous placez votre attention.
Tout cela n’est qu’une première piste, si l’on veut réellement aider une personne des entretiens et un suivi sur du plus ou moins long terme seront nécessaires. Il est important de poser un diagnostic et de déterminer les méthodes qui pourront VOUS être utiles (relaxation, pleine conscience, imagerie, hypnose, …).
J’espère que cet article vous aidera tout de même à être plus conscient de ce qu’est réellement le stress et avoir des premières idées pour y faire face.
Références
Johnson JV, Hall EM, Theorell T. Combined effects of job strain and social isolation on cardiovascular disease morbidity and mortality in a random sample of the Swedish male working population. Scand J Work Environ Health 1989 ; 15 (4) : 271-9.
Karasek, R. (1979). Job Demands, Job Decision Latitude, and Mental Strain: Innplications for Job Redesign. Administrative Science Quarterly, 24(June ), 285-308.
Lazarus, R.S., Folkman, S.Stress, appraisal, and coping. Springer; New York, 1984.
Niedhammer, I., Ganem, V., Gendrey, L., David, S., Degioanni, S., Propriétés psychométriques de la version française des échelles de la demande psychologique, de la latitude décisionnelle et du soutien social du « Job Content Questionnaire » de Karasek : résultats de l'enquête nationale SUMER. Santé Publique, 2006 ; (vol. 18), pp. 413-427.
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